Aller au contenu

Le concept de Supervision d’équipe

Françoise Vanden Eynde – sept 2014 (extraits)

 

La supervision est avant tout un lieu de parole, qui s’adresse à un groupe de travailleurs qui partagent un quotidien professionnel. Ceux-ci n’occupent pas nécessairement la même fonction au sein de leur institution, le groupe peut être pluridisciplinaire. La supervision interroge les pratiques, le mode de fonctionnement d’équipe, et participe à l’émergence de nouvelles relations et/ou méthodes de travail.

La demande première émane soit de la direction, soit des travailleurs, mais in fine l’accord des deux parties est nécessaire pour qu’une supervision puisse être mise en place. Sans demande de la part des participants, la supervision est rendue impossible.

 

La supervision est un espace-temps sécurisé au sein duquel il est proposé à chaque participant de s’exprimer en son nom propre. C’est une espace de réflexion qui concerne à la fois sa propre pratique et la dynamique du groupe.

 

Quand et pourquoi initier une supervision ?

 

Par exemple pour tenter de rétablir une harmonie lors de questionnements tels que :

Il y a un important turn-over dans notre équipe.  Comment le gérer et le stopper ?

Comment redémarrer un projet en intégrant les nouveaux venus dans l’équipe de base ?

La communication dans notre département est difficile, comment pouvons-nous l’améliorer ?

 

Le terme de supervision peut faire penser à une activité de contrôle du travail, or il n’en est rien. C’est le lieu où les soignants peuvent penser leur pratique professionnelle et échanger leurs idées, leurs expériences personnelles et leurs questions avec les collègues et le superviseur. Les compétences de chacun s’en trouvent améliorées. Grâce à la créativité générée par le groupe, chacun peut devenir acteur de son changement, à condition d’en avoir le désir.

 

Ce travail d’échange verbal favorise une plus grande qualité de vie chez le participant, et par voie de conséquence celle-ci se retrouve également chez les personnes soignées. Parallèlement, les liens entre les travailleurs se renforcent et la confiance et la solidarité au sein de l’équipe est plus grande.

 

« Super-vision ? » : le terme est trompeur ! Effectivement il n’y a rien à voir, mais il y a à entendre, et plus exactement à écouter et à s’écouter, afin de pouvoir être créatif pour sortir hors des schémas répétitifs et de la routine qui engluent les pratiques, démotivent et épuisent les soignants.

La supervision a des effets formateurs.

Elle est un processus.

 

Le superviseur doit impérativement être extérieur à l’institution concernée. Il fait fonction de tiers, pose le cadre de travail au sein de la supervision et en est le garant.

Le superviseur n’a pas en charge de trouver des solutions aux problèmes rencontrés au sein de l’institution. Il a par contre en charge de faire émerger de l’équipe des réflexions lui permettant d’amorcer elle-même le changement.

 

La supervision clinique a pour visée l’analyse de situations précises vécues par un ou plusieurs travailleurs. Il s’agit d’élaborer ensemble dans l’après-coup le cas qui pose problème ou qui questionne. Le travail de réflexion de chacun se situe au carrefour du champ personnel et professionnel. La richesse des points de vue énoncés permet au soignant concerné d’élargir sa vision de la situation et du contexte en question, et aussi de se sentir reconnu et soutenu.

 

La supervision institutionnelle quant à elle vise une amélioration ou un changement institutionnel. Elle interroge les rapports entre les soignants et le fonctionnement de l’institution. Elle analyse la compréhension des enjeux institutionnels. Elle prend en compte l’organisationnel, le politique et le social dans le cadre du monde du travail. Le Cefem n’a pas pour mission d’assurer des supervisions institutionnelles.

 

Des bénéfices sur le long terme

La mise en place d’une supervision a un coût, tant financier qu’organisationnel. Réunir les travailleurs concernés relève souvent du casse-tête chinois.

Cependant, nous pouvons constater sur le terrain que les effets de ce travail de groupe, accompagné d’une personne extérieure à l’institution, s’avèrent fructueux et que les conséquences positives sont plurielles.

Si l’analyse de la demande est fondamentale au début du travail, nous attachons également beaucoup d’importance à la communication avec les responsables dans l’après-coup des séances de supervision. Il est important d’en évaluer ensemble les effets et d’en tirer les conclusions.

Un exemple des conséquences positives très fréquemment observées pendant et/ou après le temps des séances proprement dites est le constat d’un renforcement de la confiance entre les participants et d’une meilleure cohésion du groupe. S’exprimer individuellement au sein de l’équipe et s’y sentir reconnu permet de se différencier des autres soignants et de se situer de manière plus juste et plus adéquate.

 

Chaque professionnel possède des qualités qui lui sont propres : c’est la mise en commun des potentialités de chacun qui fait la richesse d’une équipe, et entraîne un mieux-être des bénéficiaires de vos services.