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Nous vivons un moment suspendu de l’histoire contemporaine

Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons vécu un moment suspendu de l’histoire contemporaine. Au CEFEM, nous sommes dans notre ADN aux côtés des soignants, à l’écoute des malades, et cette situation nous a profondément marqués.

 

Une opinion de Olivier Bernard, formateur au CEFEM

La gestion de la crise liée à la pandémie du coronavirus a pu laisser certain.e.s d’entre nous perplexes :

On nous a beaucoup parlé de distanciation sociale, de rester chez soi, d’éviter les rassemblements, autant de gestes “barrière” recommandés par les autorités sanitaires et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pourtant, c’est de solidarité, de coopération, de chaleur humaine et de proximité dont notre monde a le plus besoin. À l’avenir, il nous faudra être créatifs pour ne pas basculer dans le repli et la méfiance, tout en protégeant les plus fragiles d’entre nous. Et en tout cas, ne pas confondre distance physique avec distanciation sociale.

Certains spécialistes pensent d’ailleurs que la stratégie du lock-down généralisé a été contreproductive par rapport à son objectif premier. Pour eux, il aurait été plus judicieux au tout début de mettre  les malades en quarantaine grâce à des tests de dépistage (si la chose avait été anticipée comme en Corée ou à Singapour) et de laisser le reste de la  population libre.

Certes, le confinement aura eu des bénéfices : beaucoup ont pu ralentir leurs activités, réduire leurs déplacements et leurs achats et cette friche a pu être propice à réinventer leur quotidien et revenir à l’essentiel. Mais ce confinement a aussi été socialement inéquitable. On ne peut pas comparer celui d’une famille logée dans une maison avec jardin avec le vécu des habitants de HLM.  Ou encore celui des personnes âgées n’ayant plus eu la permission de quitter la chambre de leur maison de repos pendant de nombreuses semaines.
Sans parler des conséquences à moyen long terme du confinement,  le risque de crise économique majeure est réel et la crise de 2008 avait causé 500.000 décès[1].

Par ailleurs, le discours dominant fut essentiellement « économique » : nos ministères de la santé sont devenus des ministères de la maladie. Dans le sens où la santé de l’économie prime chez nous sur l’économie de la santé. La maladie rapporte l’équivalent de 15% du PIB dans les pays occidentaux. On gère donc ce virus avec des produits : médicaments,  vaccins, gel hydro alcoolique, masques …  Au passage, on oublie de dire que depuis quelques années, la santé est l’objet de coupes budgétaires qui ont fragilisé notre système de soins. Les pays qui ont le plus réduit leurs lits d’hôpitaux et  leur budget de santé en ont fait les frais.

Enfin, peu nous parlent de la gestion immatérielle de notre santé, qui est nettement moins rentable, bien que son efficacité soit validée scientifiquement. « Le microbe n’est rien, le terrain est tout », disait déjà Claude Bernard. Cette affirmation nous indique une voie qui s’oppose (ou complète ?) la théorie de Pasteur, le père de la vaccination, pour qui la cause de la maladie est externe.

Comment gérer son terrain ? Le terrain dépend de différents facteurs :  

  • Notre environnement nous expose à diverses sources de pollutions.
    A noter qu’en Chine, où 4000 personnes meurent quotidiennement des suites de la pollution atmosphérique[2], celle-ci a diminué significativement au début de la crise. Certains vont jusqu’à dire sans nier la peine de ceux qui ont été frappés par cette pandémie,  qu’elle a été bénéfique pour la santé publique. Et d’espérer une prise de conscience durable à sa suite pour réduire transports et surconsommation qui minent notre santé à très large échelle.
  • Nos mauvaises habitudes, toxiques divers (tabagisme, alcool, prise de médicaments, drogues…), sédentarité (manque d’exercice physique),  multiplication des écrans qui nous privent de précieuses heures de sommeil et de véritables liens sociaux, tout cela altère notre immunité.
  • La malbouffe provoque des carences et l’encrassement progressif de nos organismes. Aujourd’hui, la consommation de sucres raffinés et de graisses saturées sont dangereuses pour notre santé, entraînant entre autres une diminution de notre immunité.  La réouverture précoce des fastfoods était loin d’être prioritaire.
    En lieu et place, revenir à une alimentation non industrielle, non emballée, non transformée.
    Soit boire de l’eau, manger des fruits et des légumes frais, locaux et de saison, des céréales complètes, des légumineuses et modérer notre consommation de protéines animales.

Si le terrain d’une personne est sain, son organisme a suffisamment de vitalité pour ne pas être affecté par les virus ou les bactéries. En revanche, si ce même terrain est encrassé par un mode de vie malsain et a beaucoup de déchets à éliminer, il ne sera pas en mesure de réagir de manière adéquate.

Les statistiques montrent d’ailleurs que ce virus ne tue pas seul, il est dangereux pour les personnes hypertendues, diabétiques, qui ont d’autres pathologies, ce qui nous ramène au terrain. D’autre part, les chiffres de la mortalité ont probablement été surestimés en l’absence de tests diagnostiques. D’où un certain vent de panique qu’il aurait été bon de calmer en relativisant ce qui circule sur les réseaux sociaux et ne participe pas à vivre cette période sereinement.

Pour conclure, les habitants d’Okinawa – l’archipel japonais qui abrite une concentration inhabituelle de centenaires heureux et en bonne santé- nous rappellent qu’un de leur secret de longévité est de ne pas se préoccuper de vivre longtemps, mais de vivre maintenant. Les temps incertains et la difficulté que nous avons à prédire ce qui se passera demain nous ramènent à l’impermanence des choses, à lâcher nos certitudes et nos attentes, et à profiter de l’instant présent. Plutôt que de céder à la propagation du virus de la peur, prenons le temps de respirer en pleine confiance. Cette crise, comme les autres sera vaine si nous ne changeons pas nos mauvaises habitudes ou un déclic si nous saisissons ce qu’elle a à nous apprendre.

Le CEFEM vous souhaite un excellent été, ressourçant, inspirant et paisible.
Prenez soin de vous et de ceux qui vous entourent, cela reste notre vœu le plus cher,

Olivier Bernard

[1]https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(16)00577-8/fulltext

[2]https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/developpement-durable-chine-pollution-air-causerait-4000-morts-jour-59410/