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Le jeu des 7 différences entre plaisir et bonheur

Par Olivier Bernard

 

En cette période de fête, le CEFEM a trouvé opportun de vous partager les résultats d’une recherche menée par le Dr Robert H. Lustig, professeur de pédiatrie clinique à l’Université de Californie à San Francisco. Il y exerce dans le domaine de la neuroendocrinologie et travaille sur la régulation de l’équilibre énergétique par le système nerveux central.

Dans son dernier ouvrage « The Hacking of the American Mind », il nous montre comment les grandes corporations nous vendent du plaisir en nous faisant croire qu’il s’agit de bonheur, ce qui alimente l’épidémie internationale d’addictions en tout genre, de dépression et de maladies chroniques.

La prochaine fois que vous regarderez des publicités, faites attention aux messages qu’on nous martèle : tel soda nous « donne des ailes », l’autre nous « ouvre le bonheur », ce rhum nous fait danser jusqu’au bout de la nuit…

Or, si on y réfléchit, le bonheur et le plaisir sont deux choses très différentes :

Voici  un tableau qui résume les 7 différences entre les deux selon notre expert:

Plaisir Bonheur
Court terme Long terme
Viscéral Spirituel
Prendre Donner
Lié à quelque chose qui s’achète Immatériel et donc pas à vendre
Solitaire Vécu en groupe (social)
A l’extrême, provoque de l’addiction Pas d’addiction au bonheur
Éprouvé sans effort Nécessite notre pleine attention
Libère de la  dopamine dans la synapse

Excitation des récepteurs

Toxique si excessive (mort neuronale)

Mécanisme de régulation:

↓ nombre de récepteurs  → tolérance

↑ dose pour obtenir le même effet

Quand la mort neuronale survient, on parle d’addiction

Libère de la sérotonine dans la synapse

Inhibition (apaisement) des récepteurs

Contentement, Zen

 

Pas d’overdose possible

 

La confusion entre les deux états a été induite et entretenue par les acteurs économiques (industrie agro-alimentaire…)  qui nous font croire que le bonheur est un plaisir qui s’achète.

Or, le plaisir ne procure qu’un « shoot » de courte durée qui nous rend accro, on va devoir en reprendre plus pour obtenir le même effet, ce qui détériore notre santé et celle de la planète, la consommation excessive contribuant à la pollution, au réchauffement climatique …

En période de Fêtes, les plaisirs se multiplient : nourritures riches en graisses saturées, boissons saturées de sucres rapides, apéritifs alcoolisés, shopping et achats compulsifs, overdose de réseaux sociaux… Et quand on prend le pouls de la société, on n’est pas surpris de trouver beaucoup de nos contemporains peu épanouis qui traversent cette période entre stress et morosité.

Les 4 recettes du bonheur (4 C) :

Le discours du Professeur Lustig ne s’arrête pas à ce constat amer, il nous délivre ses 4 recettes menant au véritable bonheur. S’il est facile de se procurer du plaisir, la bonne nouvelle, c’est que les recettes du bonheur sont simples, écologiquement durables et socialement équitables:

La connexion interpersonnelle qui stimule nos neurones miroir et l’empathie. Voir des gens nous fait du bien, pas regarder leur photo sur un écran.

La contribution extérieure (bénévolat, philanthropie…) : rendre le monde meilleur autour de soi, faire notre part de colibri, apporter notre goutte d’espoir nous apporte du bonheur.

Le coping (faire face) : Pour que notre cerveau puisse être dans des conditions optimales pour fabriquer cette sérotonine, nous pouvons l’aider par trois mécanismes :

1) dormir : notons que le simple fait de charger son smartphone dans la chambre à coucher diminue en moyenne notre temps de sommeil de 28 min !

2) La mindfulness : si possible ne faire qu’une chose à la fois et s’ancrer dans le présent plutôt que de courir comme une poule sans tête à ressasser le passé ou craindre le futur.

3) L’exercice physique à pratiquer de préférence dans la nature, qui est un des meilleurs remèdes à la dépression.

Cuisiner des aliments riches en tryptophane (poisson, bananes, amandes,…), pauvres en sucres rapides et riches en oméga-3  va permettre à notre cerveau de fabriquer cette précieuse sérotonine.

Quand on pense à notre métier de soignant auprès de personnes en fin de vie, pouvoir être présents auprès d’eux, leur sourire, leur apporter du réconfort, voilà de quoi nous remplir d’un bonheur durable.  Cuisiner une soupe avec nos résidents dans un Cantou, sortir avec eux au jardin, autant de petits gestes simples qui ont tout leur sens et enrichissent nos vies.

Sur la méthode des petits pas, une chose à la fois, voilà de quoi nous guider vers une Belle et Heureuse Année, que nous souhaiter d’autre ?